lundi 6 septembre 2010

Pour se faire entendre!



Les socialistes s'opposent et... proposent!



Retraites : Des besoins de financement
qu'il ne faut ni sous-estimer ni dramatiser.

Pour une réforme juste et efficace des retraites, la responsabilité des politiques est de trouver des ressources stables et durables. Dégager des ressources supplémentaires est une question de choix de société. Et aucun scénario ne s’impose à nous absolument, contrairement à ce que prétend le gouvernement.

Le vieillissement de la population a, bien sur, un impact sur le financement de notre système de retraite, dès lors que ce sont actuellement les cotisations des actifs qui financent les pensions. Les retraites des papy-boomers devront être payées plus longtemps par des générations moins nombreuses. Ainsi, alors qu’il y avait 3 actifs pour un inactif de plus de 60 ans en 1975 et près de 2 en 1990 il n’y en a plus que 1,8 en 2010 et il y en aura 1,2 en 2050. Mais la démographie n’est pas le seul facteur en cause et elle peut elle-même connaître des évolutions (taux de natalité, migrations, etc.). La situation économique ainsi que la structuration du marché de l’emploi (taux d’emploi des différentes catégories d’âge, caractéristiques des parcours professionnels...) sont déterminantes.

Le principal enseignement du dernier rapport du COR aura été de montrer l’impact majeur de la crise sur le financement de notre système de retraite dès cette année. Par ailleurs, la situation française se caractérise par une politique de l’emploi incohérente au regard des besoins de notre système de protection sociale, lui-même caractérisé par de fortes barrières à l’entrée dans la vie active et un taux d’emploi des seniors parmi les plus bas d’Europe : 38% des 55/64 ans sont dans l’emploi en France en 2010 (données Insee) contre près de 70% en Suède, loin en tout cas de l’objectif européen de 50% fixé par la stratégie de Lisbonne en 2000 (contre 54 % en Allemagne, 58% au Royaume-Uni et 45 % en moyenne dans l’Union européenne des 27).

Ainsi, la réponse ne peut être uniquement démographique, fondée sur le seul paramètre de l’âge. Le rapport du COR du 14 avril dernier, analyse les besoins de financement de notre système de retraite au cours des 40 prochaines années. Fondées sur des hypothèses sans doute susceptibles de discussions, les projections réalisées et l’ampleur des déficits potentiels, même révisés à la baisse, appellent en tout état de cause des réponses solides.

Trois scénarios ont été établis, qui montrent la dégradation progressive des comptes. Tous font apparaître l’accélération provoquée par la crise sur les besoins de financement, en rapprochant de 15 ans les échéances envisagées lors du précédent rapport du COR, en 2007. Le COR montre par ailleurs qu’on ne peut agir sur un seul paramètre pour consolider le système de retraite à l’échéance 2025. Il faudrait en effet alors engager soit une baisse du niveau moyen du taux de remplacement de 22 %, soit une hausse des prélèvements vieillesse de 5 points environ, soit un report de l’age effectif de départ en retraite (actuellement de 61,6 ans) de 3 à 4 ans.

Mais les retraites relèvent du contrat social de notre pays et doivent être pensées au-delà de la conjoncture bonne ou mauvaise. Il faut prendre garde, à cet égard, de ne pas fonder une réforme sur la seule situation des années 2009 et 2010 qui sont des années de crise et de diminution des recettes. Pas plus qu’il ne faut se placer dans un horizon temporel trop lointain et incertain. Compte tenu des incertitudes qui pèsent, tant sur les évolutions démographiques (à long terme), que sur les conditions de la croissance dans le futur, il paraît préférable d’inscrire nos politiques par rapport à l’horizon 2025. Sans occulter l’accroissement des besoins au-delà de cette période, il paraît à la fois aléatoire et sans conséquence immédiate de raisonner par rapport à l’horizon 2050, sauf à vouloir alimenter puis instrumentaliser l’inquiétude des Français.

Pour les socialistes, l’enjeu est d’enclencher un processus de réforme qui garantisse dans la durée le rétablissement de l’équilibre financier. En 2025, quel sera le besoin de financement ? Il ne faut ni le sous-estimer ni le dramatiser. Le Conseil d’Orientation des Retraites prévoit un déficit de l’ordre de 45 milliards d’euros. C’est un enjeu important qui appelle des réponses fortes sans lesquelles la confiance dans notre système de retraite ne sera pas rétablie. Sans le dramatiser : un demi-point de croissance supplémentaire à partir de 2013 diminuerait le déficit de moitié en 2025 (de l’ordre de 22 milliards d’euros).

Et ce scénario se fonde aussi sur des hypothèses très pessimistes concernant l’activité des femmes et l’emploi des seniors. Il suppose que la stratégie de hausse de l’emploi des seniors échouerait, alors que la démographie implique plutôt un recours accru aux seniors dans les décennies à venir. Au regard de ces chiffres, il faut donc résister au catastrophisme ambiant. Le besoin de financement en 2010 sera déjà de l’ordre de 25 milliards d’euros. Entre 2010 et 2025, le besoin de financement passera de 25 à 45 milliards en euros constants, soit 1,7 points de PIB. Qui peut dire que consacrer 1,7 points de PIB en plus pour nos retraites est hors de notre portée ?
leBloggers

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire