mardi 8 septembre 2009

La crise en pleine lucarne!

C'était hier soir, au cours de l'une des rares émissions politiques du paysage audiovisuel français (Mots croisés). Un premier débat sur le "big bang" de la gauche. Un deuxième sur la grippe A et l'intéressante "pandémie de l'indécence" évoquée par le Professeur Marc Gentilini. En réalité, c'est au cours du troisième débat, consacré à la crise et aux plans dits "sociaux" que le big-bang a eu lieu et que l'indécence a réellement été atteinte.

Big-bang, parce que la vigoureuse intervention de Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental (les "Conti") témoignait de l'ampleur des difficultés rencontrées par les salariés, après les plans de licenciement à répétition, en particulier dans l'industrie. Elle témoignait également et surtout du mépris et de la violence exercés par une classe dominante (patrons lointains) et un Etat impotent. Ayant en tout état de cause fait le choix de l'être.



Indécence, parce que le multi-récidiviste en la matière Frédéric Lefebvre n'a pas hésité à mettre sur le même pied le comportement honteux des patrons de Continental (qui ont même refusé les solutions de reprise du site) à un acte, condamnable mais tellement compréhensible quand les détails de l'histoire sont connus : la mise à sac de la sous-préfecture de Compiègne.

Rappelons simplement que pour ces faits, qui n'ont occasionné que des bris matériels (les dégâts sont évalués à 60 000 €), Xavier Mathieu et six autres coaccusés ont été condamnés à 5 mois avec sursis. De l'autre côté, le délégué CGT rappelait simplement le coût de la fermeture du site pour la collectivité : plus de 500 M€, si l'on cumule allocations chômages, contrats de transition professionnelle, préretraites etc.

Un passage de l'émission, trop peu soulevé par les journalistes, est saisissant. Alors que Lefebvre explique que la "violence n'a pas payé", Xavier Mathieu, qui regrette encore une fois le saccage de la sous-préfecturen, démontre - malheureusement - le contraire. Et l'ensemble de ce récit, ceci est facilement vérifiable, n'a absolument pas été remis en cause par Lefebvre sur le plateau.

En résumé, Xavier Mathieu rappelle que la scène devant la sous-préfecture se passe alors que la confirmation de la fermeture du site vient de leur être annoncée. Encore une fois, on le rappelle tellement c'est incroyable à envisager : Continental a refusé les offres de reprise!

Vous pouvez visionner ce passage sur le site de France 2, à partir de 01h53.

Etape 1 : Xavier Mathieu décide de contacter le médiateur suivant ce dossier pour le cabinet de Luc Chatel, alors secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie. Une demande de réunion tripartite (associant Etat, la maison-mère allemande de Continental et les représentants des salariés) est formulée. Refus catégorique du médiateur.

Etape 2 : les salariés, très en colère, la demande de tripartite étant très ancienne, décident, sans préméditation, d'investir la sous-préfecture et sous le coup de la colère, la saccage. Encore une fois, rien ne justifie, en Etat de droit, ce type d'agissements.

Etape 3 : 2 heures après ce fameux saccage, que les Ministres vont s'empresser de condamner urbi et orbi, le médiateur rappelle et propose de tenir une tripartite dans les meilleurs délais.

Dans cette affaire, comme dans celle de Nortel et les bonbonnes de gaz, il va de soi que seule la mobilisation de la violence a tritestement conduit les pouvoirs publics à faire évoluer leur position. Seule la menace d'une situation quasi-insurrectionelle aura permis aux salariés de se faire entendre.

Le dialogue social dans notre pays est plus inexistant que jamais. Une distanciation est d'ailleurs à l'oeuvre dans ce conflit précis entre la centrale nationale et sa représentation locale (Xavier Mathieu ayant eu des mots très durs à l'endroit de Bernard Thibault). Ce n'est absolument pas une bonne nouvelle. Le gouvernement ferait bien de s'en préoccuper très rapidement, plutôt que de pérorer, telle Mme la Marquise Lagarde, que la "crise est derrière nous".

Cette émission d'hier soir, salutaire, témoignait bien au contraire du fait que la crise est malheureusement notre horizon. Une crise qui n'est pas seulement financière ni économique. Une crise de sens, une société telle un champ de ruines à rebâtir. L'une des premières tâches à laquelle les socialistes, avec l'ensemble de leurs partenaires progressistes, doivent s'atteler urgemment.

J.
leBloggers

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